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A
l’appel de la coordination Nous,
Institut Occitan, comité Républicain de Gascogne, Euskal Haziak,
Seaska, Calandreta, La Bressola, ABCM, Scola Corsa, Culture et
Bilinguisme, Diwan, Divyezh, Dihun, UGB, Conseil Culturel de Bretagne,
comité français du Bureau Européen des langues moins répandues,
« Pour que vivent nos langues », FELCO, IEO, toutes
associations investies dans la reconnaissance et le développement de
nos langues régionales ou minoritaires, nous déclarons :
Aujourd’hui, les plus hautes autorités de l’Etat, Président de la
République et Premier Ministre, se
font, au plan international les défenseurs de la diversité des langues
et des cultures dans le
Monde.
Mais, cette «exception française », se traduit, pour les
citoyens français, par un refus de plus en plus cynique de reconnaître
les faits historiques,
sociaux et culturels que représentent les différentes langues et
cultures existant au sein même de la République française.
Plus grave encore, quand, conscients du risque imminent de leur
disparition, les citoyens construisent eux-mêmes les outils du
renouveau de ces langues et cultures minorisées, l’Etat multiplie les obstacles.
L’objectif, quoique inavoué, est évident pour tous : l’uniformité
linguistique doit régner sur le territoire. Les langues des peuPles
conquis, privées des moyens de survivre dans la vie sociale, trouveront
leur place dans les musées des vainqueurs comme autant de trophées
d’une guerre qu’on ne reconnaît pas.
Ainsi, le changement constitutionnel de 1992 : « la
langue de la République est la français », a été introduit
au moment même où le Conseil de l’Europe, garant des droits de l’Homme,
adoptait la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.
Sans s’opposer en quoi que ce soit, à l'invasion
de l’anglo-américain, cet article n’a jamais servi,
contrairement aux engagements du Gouvernement, et aux débats
parlementaires, qu’à refuser toute avancée réelle dans la
reconnaissance de nos langues. Nous
dénonçons cette véritable forfaiture.
Depuis lors, les interprétations restrictives que le Conseil d’Etat
et le Conseil Constitutionnel ont
successivement données de cet article ont visé, non à permettre, mais
à interdire systématiquement
l’expression de la
pluralité de la société, pour lui imposer une norme identitaire décidée
par l’Etat, au mépris, à la fois des aspirations populaires, des
assemblées élues, des conventions internationales pour la protection
des droits de l’Homme, et des
principes fondateurs de la République complètement dévoyés.
Ainsi :
Comme à la pire époque du
colonialisme, l’Etat traite ses citoyens comme sa propriété, refuse
de leur reconnaître la plénitude de leur dignité d’êtres humains
dotés et créateurs de culture, capables de construire leur avenir et
leur identité.
Ainsi, dévoyant l'idéal républicain d'une société fraternelle et laïque,
fondée sur la libre adhésion de ses citoyens, l'État, assimilé à la
Nation, sacralise une norme ethnoculturelle unique et obligatoire,
garante de son « unicité » factice, mais infériorisante
pour les populations dont les identités sont marginalisées.
C’est pourquoi :
(1)
Notamment la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires
et du Conseil de l’Europe (1992), l’article 27 du Pacte
international sur les droits civils et politiques (ONU 1966),
l’article 30 de la Convention relative aux droits de l’enfant (ONU
1989). |